pvdm100358 a écrit : ↑08 oct. 2022, 16:40
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Encore une toute belle rencontre, encore de vraies émotions !
En effet, surtout lorsqu'on découvre la dimension du personnage.
Madame est Présidente des Viticulteurs de la région de Würtzbourg !
La force tranquille qui se dégage d'elle démontre qu'elle est enracinée dans la région comme les vignes de là et que ses connaissances dans le domaine sont assez considérables : elle est primée de partout, le tout dans une humilité déconcertante !
Quels moments incroyables...je ne l'avais pas cherché et voilà que je suis au coeur de cette Allemagne si chaleureuse et mystérieuse...Car il y a un paradoxe allemand qui est fait de douceur, de beauté dans une rigueur pour nous inatteignable. Je crois qu'il y a là un exemple de la caractéristique de l'esprit allemand réel, bien entendu en dehors des clichés.
On a envie de tout saisir, de se goinfrer de ce beau et de cette tranquillité, mais nous serions incapables de la générer...trop de contraintes, trop de travail...
On peut rencontrer certaines similitudes dans tous les pays européens chez quelques artisans et autres, mais là c'est vraiment manifeste et partagé.
Cette paix que l'on aime "consommer" ici provient d'un grand amour entremêlé à une rigueur dont peu de nous sont capables.
Mais il provient aussi d'une filiation. C'est là une vraie richesse car elle est cumulative.
On ne peut consommer réellement ces merveilles qu'en pénétrant les us et coutumes de cette filiation.
C'est elle qui est honorée, mais son socle est le travail de ses Pères.
La voilà qui me prépare quelques pots d'une gelée qui ne se fait qu'ici. Il s'agit d'une gelée de peaux de pommes qui poussent sur le même terroir et qui est consommée sur du pain maison avec le vin de là.
On commence à pénétrer les us et coutumes de travailleurs qui oeuvrent ici depuis des siècles, en silence, généreusement et avec humilité. C'est offert mais il faut suivre le rythme, leur rythme, écouter, ne pas couper, suivre leur temps...
Pas partir à 18h45 courir notre piste préméditée. Car on ne survole pas une filiation en quelques minutes ni avec le mensonge.
Lorsque je lui demande s'il m'est possible - et permis en tant qu'alsacien nourri au Riesling - de visiter un de leur chai, la réponse est faite d'étonnement et de mélodie...
" Ooooh ! sie müssen zurückkommen" - il me faudra revenir...
Normal.
Je reviendrai.
On ne découvre pas une région, une tradition sans les gens qu'elle contient.
Une ancienne tradition kabyle veut que l’on ne compte jamais la générosité de Dieu. On ne compte pas les hommes présents à une assemblée. On ne compte pas les oeufs de la couvée. On ne compte pas les grains que l’on abrite dans la grande jarre de terre. Dans certains replis de la montagne , on interdit tout à fait de prononcer des nombres. (…) Les "roumis" ne comprennent pas que compter, c’est limiter le futur, c’est cracher au visage de Dieu.
Je repartirai apaisé, soigné par cette grande Dame qui a posé sur mon âme sa main comme l'a posée ma Mère, en me montrant qu'une filiation est réellement là, prête à s'ouvrir lorsque je reviendrai car, pour pénétrer les mystères d'une filiation ayant réuni tant d'hommes et de labeur des hommes, il faut entrer dans leurs sillons un moment, le temps qu'il faudra.
Mais j'ai dû, comme toujours en de telles circonstances, laisser mes frusques d'imbécile à la porte et ne pas imposer ma merde. Car devant tant de tradition disponible, devant tant de travail, les egos doivent se taire et passer non pas devant, mais derrière.
Tout dépend de ce que l'on cherche vraiment...