Est-Motorcycles a écrit : ↑01 nov. 2019, 10:03Exactement. C'est comme dans la Laponette qui offre la même impression de "caverne".
A l'aube je ne pouvais pas résister à une autre ballade matinale près de ce torrent sauvage...Là on est à 1300 m d'altitude et le soir, le petit poêle est allumé avec une mini bûche bien agréable.
L'eau du robinet, que l'on boit, celle de la salle de bain, est celle du torrent sans aucun additif ni sans aucun compteur : les autochtones s'auto-disciplinent sans un fatras de lois. Cette eau est au demeurant excellente en goût. C'est bizarre - mais pas tant puisqu'elle est dynamisée et oxygénée - elle remplit la bouche. Je veux dire par là qu'une gorgée désaltère vraiment, une sensation de plénitude curieusement oubliée avec nos eaux rectifiées, lavées 200 fois et qui gardent la mémoire des millions de merde évacuées dans nos usines de traitement ...
Ici c'est la simplicité d'une relation unique entre toi et cet élément naturel, dans l'esprit de pureté...et chez nous c'est une flotte à plus grand dénominateur commun qui embarque certainement des tas de problèmes dont on on connait pas encore les incidences réelles sur nos organismes.
En tous cas je ne suis pas fatigué, la diabète va bien et mon esprit est en paix comme il l'a rarement été.
Là c'est flagrant. Aucun filtre, aucune stagnation, l'eau est aussi limpide que du cristal !
Le cuisine simple de ce gîte à 50€ me ravit. L'essentiel y est, le frigo est habité par un minium de choses à manger en cas d'urgence ou d'absence de la proprio qui vit là mais qui est comme un chat que je n'entends pas.
Les deux chiens dorment sur le palier de mon petit logement...j'avais sympathisé avec eux...
Les 200 kils sur ce merveilleux plateau se déroulent sans y penser tant c'est beau et paisible. Je ne peux pas être plus heureux : 10 bagnoles rencontrées et 3 tracteurs. Aucune moto, aucun camion. Ca monte et ça descend, on passe par des cols et des éboulements dus aux intempéries. Il faut rester prudent mais c'est sans angoisse car là, on conduit en vrai. Les obstacles ne sont pas les autres, mais ceux d'une route sauvage.
Il va tout de même falloir que je regarde l'huile de Babouchka tant elle est discrète, n'occasionnant aucun problème et ne se faisant sentir que si j'ouvre les gaz ! Mais ma vitesse de croisière est de 60 - 75 kils/h tant je suis pénard et tant je veux bien me laisser imprégner.
L'air ici est comme l'eau. Il est shootant. Il est comme un apéritif.
Jauge : pas de conso d'huile.
Elle me tue cette brêle, depuis le temps ! C'est comme un vieux couple.
Je ne sais pas, je dois en être à près de 250000 kils avec elle, je ne sais plus où j'en suis et je ne veux pas le savoir. Ce que je sais, c'est que je finirai ma vie de motard avec elle.
Des fois je la regarde alors que je sais qu'elle regarde ailleurs, et je lui dis au fond de mon coeur : "tu vois que c'est une histoire d'amour..."
On pourrait croire que ce long âge refroidirait l'amour de cette relation, mais non...car malgré nos cheveux grisons et les tôles un peu rouillées, souvent de notre relation jaillit quelques étincelles...
Avec elle rien n'est jamais fini.
Elle veut encore rouler puisqu'elle le fait bien : ça tombe bien, moi aussi !
C'est que nous commençons à être un couple adorable de vieux motards...J'ai les cheveux blancs, elle a ses couinements mais la route s'ouvre toujours comme parcourue par deux canailles ivres de liberté.
J'avoue avoir du mal à comprendre ceux qui pour une raison non majeure, se séparent de leur Ural.
Nous réchauffons nos coeurs et nos membres fatigués au creux de paysages fantastiques comme la quête d'un graal dépourvu d'orgueil.
Heureusement, elle est russe...
Tout cela fait rêver et stimule pour aller vers ces ailleurs sources de tranquillité et de bien être. Sim