Oui le voyage dérange un confort en nous, celui des habitudes. Il éveille aussi et permet à chacun de ne plus avoir à tous les coups raison en mettant en difficultés tous les systèmes qui nous permettent d'avoir toujours raison.Sim&Dom a écrit :Nous aussi, nous remercions pour la lecture de toutes ces lignes qui font résonnance en chacun de nous.Est-Motorcycles a écrit :
...Encore deux ou trois posts car je dois remercier beaucoup...
Elle provoque forcément une agitation des méninges qui mène à une autoréflexion sur notre propre vécu.
Parfois ça dérange, mais surtout ça réveille ! Sim
On en vient à apprécier peu à peu la lutte contre les habitudes qui engendrent le sommeil et qui façonne la connerie humaine, se caractérisant essentiellement par la sureté de soi et la confiance immodérée en soi.
Le seul réel péché pour un homme je crois - et un péché mortel dans le sens qu'il fait vraiment mourir, c'est que cet homme empêche ce qu'il a de plus profond de s'éveiller.
Voyager vraiment permet de perdre l'illusion de rester fixé dans les qualités que nous nous attribuons volontiers par complaisance, mise en défaut par la rencontre de lieux et d'évènements nouveaux, inconnus. Mais on peut passer à côté, comme il en a été souvent question plus haut, c'est-à-dire "faire du tourisme" dans une bulle dans laquelle rien ne rentre, faisant défiler les images comme au cinéma, sur l'écran maudit de notre ego.
La lutte contre ses habitudes devient plus facile lorsqu'on chemine, à condition de se dévêtir un peu ou du moins de s'ouvrir à l'inconnu.
Car nous avons tous nos habitudes bien encrées en nous : elles proviennent de l'hérédité, des chocs du monde extérieur et des comportements pris pour s'en affranchir, de nos routines qui font que l'on est souvent dans les mêmes zones de comportements (qui agissent chez les uns par la tête, chez les autres par le ventre, chez d'autres encore par les émotions ou par le sexe...).
C'est du lourd et après bien des années et des tentatives d'analyses diverses sur les changements possibles, il m'apparaît que le voyage est la plus "facile", la plus fiable et la plus simple, dépourvue de dogmes, de carcans et de théories fumeuses. Ses résultats sont bruts et ils ne nécessitent aucun gourou pour les interpréter, aucune église ni aucun filtre.
(Un des trois badge remis par l'Officier supérieur du Lénine...invitation non innocente à pousser plus loin...)
Mais avant d'en arriver là, c'est-à-dire au début du chemin réel de la vie à mon sens, il faut au préalablement avoir été déçu par soi, par ses croyances et ses certitudes : l'homme qui n'atteint pas ce stade ne se remet jamais en cause et il vit dans une sphère d'autosatisfaction redoutable.
Il dort, n'entend rien, n'écoute rien et filtre tout ce qu'il voit en le ramenant à soi et en ayant des avis sur tout.
A chaque fois que nous sommes dérangés lors d'un voyage, c'est un signe et c'est le signe d'un changement possible et non contraint : le libre arbitre permet de le suivre ou non, mais nous choisissons toujours. Et la route nous permet de rencontrer ces dérangements qui, s'ils étaient sélectionnés, feraient encore partie du ronron de la vie courante.
C'est à l'inverse des doctrine choisies, des doctrines de complaisance adoptées par le consentement d'un ego qui ne peut pas ainsi changer, mais qui ne fait que se conforter, grossir en devenant un monstre dont le premier mot dit est JE.
La lutte douce contre ses habitudes via les voyages est la seule solution fiable qu'il m'a été donnée de rencontrer, très supérieure à la pratique de la plupart des exercices dits "spirituels".
...de plus, la route est ouverte à tous...ce qui n'est pas le cas des dogmes et théories qui sont sélectifs et élitistes.
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